Après en avoir longtemps rêvé, nous sommes partis à sa recherche : le mythique Piton Rocheux de l’Armontabo.
Durée : 10 jours (quinze sont recommandés)
Equipe : 4 personnes, pagayeuses et pagayeurs expérimenté.es.
Embarcations : un canoë 3 personnes + un kayak MX, dans lequel on a glissé deux sacs étanches de nourriture (tous les petits-dej et les dîners).
Météo : grand soleil et temps très sec sur l’ensemble du séjour.
Niveau d’eau : au moment du départ, le débit de l’Oyapock à Saut Maripa était de 800m cube/sec. Légère baisse pendant les 10 jours.
Etat de la crique : eau claire, visiblement pas d’orpaillage, mais régulièrement empruntée comme chemin logistique (chablis tronçonnés, layons de portage très bien entretenus). La partie basse est chassée, nombreux déchets et carcasses sur les bivouacs.
Jour 1 – 10 août 2025
Après une nuit chez Niak rafting, départ de Saut Maripa en pirogue. Irancleudon vient nous récupérer à 8h, toujours très ponctuel, et nous dépose à l’entrée de l’Armontabo peu après 9h. Compter une journée pour une remontée à la pagaie. Plusieurs sauts à passer la première journée, le niveau de l’eau permet de les franchir facilement à la cordelle, ou pour saut Kanouri avec un mini portage sur la dalle. Observation d’un énorme anaconda en train de digérer sur un tronc, étendu de tout son long. Repas à saut Kanouri. La crique est large au début, mais dès l’après-midi devient plus agréable, assez jolie. Passage du saut des Acacias, bivouac devant le saut Diable : structure de chasseurs sur la gauche. La baignade n’est pas incroyable et il n’y a pas beaucoup de spots pour les hamacs, nous nous installons sur la structure des chasseurs.
Pour contacter Irancleudon, piroguier sur l’Oyapock, très pro et très sympa, bons tarifs : 0694 48 06 32.

Jour 2 – 11 août
On remonte régulièrement toute la journée. Observation de loutres. Arrivée au niveau d’un mini saut vers 16h45, il reste encore plus de 10km avant l’embranchement. Pas vraiment de spots de bivouac, nous nous arrêtons là où nous voyons une structure de chasseurs. L’endroit est peu accueillant et on y trouve des restes de carcasses puantes, mais c’est l’endroit le plus dégagé aux alentours.
Jour 3 – 12 août
Départ 8h. Deux hoazins sur une rive de broussailles. 11h, arrivée à un très gros saut qui n’apparaît pas sur les cartes IGN (alors que c’est le plus gros de la crique…), nous l’appelons saut Armontabo. Layon de portage sur la gauche du saut, très dégagé… mais très très pentu. Nous décidons de tenter plutôt un petit portage sur la droite… mais celui-ci ne nous permet de passer que la première marche du saut, et nous découvrons que celui-ci est beaucoup plus étendu que nous le pensions. Plusieurs cordelles et mini-portages sont nécessaires pour le passer. Arrivée à 15h à l’embranchement entre la branche Sud et la branche Nord : on nous a conseillé les deux, mais notre choix est vite fait en voyant que l’étroitesse et l’encombrement de la branche Sud. Nous optons donc pour la branche Nord, visiblement utilisée comme chemin logistique par les orpailleurs, comme le reste de la crique. A 500 mètres à peine de l’embranchement, nous arrivons à un très beau saut avec un beau bivouac, une belle dalle, juste avant un layon de portage. Nous nous y arrêtons pour monter le camp.
Jour 4 – 13 août
Nuit calme malgré l’orage tout proche de la veille, observation de loutres le matin avant de partir. Nous avons 6km à remonter jusqu’à l’affluent qui doit nous permettre de nous approcher du piton rocheux. Nous progressons rapidement grâce aux chablis déjà dégagés. Après un kilomètre environ se trouve un très beau saut, avec un seuil marqué qui lui donne des airs de cascade. Layon de portage sur la gauche. La crique est très fortement anastomosée, et ses berges sont en partie hydromorphes, mais c’est loin d’être le marécage que nous craignions. L’ensemble est vraiment magnifique, la crique est calme, verdoyante, nous y faisons une incroyable observation de tapirs : alors que nous voyons un petit nager, et passer en aval de nous, la mère apparait légèrement en amont et rejoint son petit en nageant et sautant hors de l’eau à quelques mètres de nous. Très impressionnant. Arrivée au niveau de l’affluent vers 10h30, mais malgré nos recherches et explorations, nous ne parvenons pas à l’identifier. Ce que nous prenons pour des affluents ne sont généralement que des bras de la crique, et nous décidons finalement de laisser le canoë sur une berge et de commencer la marche dès ce point, en renonçant à l’espoir de gagner quelques kilomètres en remontant l’affluent. Nous commençons à marcher dans l’après-midi, et nous avançons d’1,5 km, assez rapidement, malgré quelques passages boueux. Dans l’ensemble la forêt est plutôt dégagée. Nous finissons par retrouver l’affluent que nous cherchions (et il semble encore à peu près navigable… le mystère de sa confluence avec la branche nord restera entier !). Installation du camp à proximité du criquot. Des dizaines de capucins nous saluent du haut de leurs branches.
Jour 5 – 14 août
Départ 8h. Avancée plutôt rapide, nous avalons deux kilomètres en une heure, puis le rythme ralentit un peu en raison du terrain – une alternance entre des plateaux très dégagés, des descentes franchement raides, des bas-fonds marécageux à traverser puis des montées franchement raides vers le plateau suivant. Au total, il nous reste 6km (lissés) à parcourir jusqu’au piton. Ici, une précision toponymique s’impose : sur les cartes IGN, ce qui est indiqué comme étant le « piton rocheux » correspond à une colline, boisée, culminant à 130m environ, sans signe distinctif, dotée à une de ses extrémités d’une excroissance qui prend la forme d’une savane-roche. Face à ce dénommé « piton rocheux » se trouve le pic, l’éminence que tout le monde nomme « piton rocheux », mais qui n’est pas nommé sur les cartes. Pour clarifier, nous utiliserons donc le terme de « pic » pour parler de ce que tout le monde appelle « piton », mais qui n’est pas le piton qui figure sur les cartes.

Nous arrivons donc à proximité de la savane-roche du piton rocheux vers 12h30, et nous passons l’après-midi à admirer le pic depuis celle-ci. Nous redescendons ensuite installer notre bivouac à une centaine de mètres de l’entrée de la savane-roche, où coule un tout petit criquot, tout juste suffisant pour nous baigner.

Jour 6 – 15 août
Nous nous fixons un objectif ambitieux : atteindre le saut où nous avions dormi le 12 pour bivouaquer. Départ 7h45, pique-nique au camp de l’avant-veille à midi, arrivée là où nous avions laissé le canoë à 14h10. Toutes les affaires sont là, mais les fourmis manioc ont découpé des gros morceaux dans nos lycras. Nous troquons les sacs à dos pour les touques et nous repartons en canoë. La descente est très agréable et jolie, le portage se fait en tout juste une demi-heure, et nous arrivons au camp vers 17h30.
Jour 7 – 16 août
Journée de pause bien méritée. Après une lessive à grandes eaux, nous décidons d’aller explorer, à vide, la branche Sud. Très nombreux chablis, ronces sur les berges, avancée très pénible d’à peine quelques cinquantaines de mètres. Comme c’est censé être une journée de pause, nous faisons demi-tour et revenons au camp. Nocturne le soir, mais aucune observation.
Jour 8 – 17 août
Départ 9h, arrivée rapide au « saut Armontabo ». Observation d’un hocco. Cette fois, nous décidons de faire le gros portage, qui n’est finalement pas si horrible que ça. Installation du bivouac sur une plage en face du portage, très joli lieu.
Jour 9 – 18 août
Départ 9h, quelques rares chablis (le niveau a un peu baissé). Nous progressons régulièrement, et mettons 1h30 à descendre ce que nous avons monté en une demi-journée. L’après-midi, magnifique observation de très nombreuses loutres, dont une était occupée à manger un poisson sur la berge. Passage des sauts sans encombre, sauf saut des Acacias, le canoë manque de verser, et est sauvé in extremis. Aucune perte à déplorer. Arrivée à saut Kanouri à 17h, installation du bivouac, dalle magnifique et immense. Très beau saut, très étendu, un régal.
Jour 10 – 19 août
Départ 8h, rapidement la crique redevient très large. Arrivée sur l’Oyapock, passage de plusieurs sauts, parfois un peu périlleux. Arrivée au lieu du bivouac à saut Cachiri vers 12h30, sieste, tarot et coinche.
Jour 11 – 20 août
Départ 8h30, passage des sauts Fourmi et Anaoua sans encombre, arrivée à Saut Maripa vers 11h30.

Waouh merci pour ce récit haletant! Je suppose que le niveau d’eau était un peu élevé pour la saison, ce qui n’a pas facilité le passage de sauts?
Sur l’Armontabo ça n’a pas posé problème, au contraire, ça nous a évité de taper à chaque instant et les cordelles restaient faisables. En revanche sur l’Oyapock ç’a été plus sportif !