Petit Saut Grande Pirogue

Cet article retrace notre séjour à Petit Saut en Pirogue traditionnelle Aluku, du 12 au 18 Août 2023

La Poupe de la Pirogue

Le projet initial était de rejoindre à la pagaie le saut Takari Tanté, sur le Sinnamary. C’est-à-dire la source principale du lac de barrage de Petit Saut. Mais pour ce faire, il nous aurait fallu un ou deux pagayeurs de plus. Qu’à cela ne tienne : A cinq, nous sommes partis quand même faire quelques ronds dans l’eau, des 360° autour d’arbres immergés, pour finir par pagayer 108 kilomètres en 6 jours. Je l’ignorais avant de partir, mais cette Pirogue traditionnelle peut fendre l’eau avec un effort minimal !

Pa Moli !

Notre embarcation est une Pirogue de 12 places traditionnelle Aluku, que l’équipe des Kikiwis utilise pour perdre chacune de ses compétitions. Un tel bateau est lourd, certes, mais a une inertie telle que même avec 4 pagayeurs et 1 barreur, nous avons fait des pointes à 11 kilomètres/heure. Pa moli Kikiwi ! Très vite la pirogue est devenue une personne à part entière, avec ses humeurs et ses envies. C’est un bateau en fibre et en bois dont il faut prendre soin, et qui a vraiment été pensé pour pagayer en Guyane ; mais il réclame une attention particulière et une très grande synchronisation des pagayeurs.

La Pirogue dans son écrin

Partons légers.

Nous avons dans un premier temps parcouru les 25 kilomètres qui séparent le Dégrad de Petit Saut du Carbet Aïmara, en 5h. Beaucoup d’entre nous tournent pendant des jours pour le trouver ce carbet ! Il est pourtant plutôt facile d’accès : il suffit de longer la montagne Plomb en prenant bien soin de laisser la montagne Saint Jacques sur la droite, puis tout de suite à gauche après l’arbre immergé en forme d’Abbé, au virage entre les îlets, sur la droite, et derrière le troisième méandre, à gauche ! Vous ne pouvez pas le rater ! Derrière le carbet Aïmara, la crique éponyme inonde le lac de son eau fraîche : un délice après une journée de Pagaie.

Le pourtant très accessible carbet Aïmara

Et sa crique d’eau fraîche

Au deuxième jour, nous sommes partis visiter l’extrémité sud du lac, carbet bâche oblige, donc ! ne parvenant plus à dénombrer les Aras et les Loutres Géantes passés nous serrer la patte entre deux arbres immergés. Dans le sud du lac la faune se fait beaucoup moins farouche, car moins exposée à la chasse et au dérangement. Le paysage change un peu aussi, il se fait plus sauvage. À compter du second jour, un orage s’est pris d’affection pour notre Pirogue et ne nous a plus lâché, partant effrayer les orpailleurs et les légionnaires la journée pour s’incruster dans nos hamacs et sous nos bâches le soir.

L’orage nous faisant sa cour

Table à feu en bois et Arouman, nécessaire en cas de forte pluie

Un visiteur (Faux corail, rien n’a craindre) !

Au quatrième jour, nous avons entamé notre remontée vers le Dégrad, en décidant de passer par les méandres les plus fins pour espérer voir les Babounes ! Quelles grandes gueules ceux-là, plus bruyantes que l’orage, mais invisibles… Qu’ils ont raison de rester cachés, après tout ! Passés le site de la Légion, puis les anciennes zones d’orpaillage, nous avons fait escale pendant les deux nuits suivantes sur une plage paradisiaque.

 

Le feu avant l’orage.

Construction d’une petite sœur à la P12

 

Pauses baignades

  Et moments Chill

La fatigue a commencé à se faire sentir à la fin du séjour : la fatigue, mais la fierté aussi ! d’avoir parcouru tant de bornes dans cette pirogue magnifique, d’avoir vu tant de faune et éprouvé tant d’émotions. La prochaine fois nous viserons Takari Tanté, même à 5, car nous avons déjà, deux semaines après cette sortie, des fourmis dans nos pagaies !

Si vous souhaitez essayer la Pirogue traditionnelle, contactez-moi : les Kikiwis, notre équipe, s’entraînent tous les mercredis soirs et samedis matins !

Par Kevin Gobert,

Le 30 Août 2023